Lettre à un(e) jeune Sochalien(ne) (17/05/18)

        Cher enfant Sochalien, de la région ou d'ailleurs, 

Je t'écris pour que tu saches que les couleurs Jaune & Bleue représentant notre Institution t'appartiennent aussi, ce sont les tiennes. Elles sont cependant entachées et notre devoir est de combattre ceux qui les salissent. 
Je suis moi aussi un jeune Sochalien et j'ai eu la chance de vivre de nombreux moments formidables au stade Auguste Bonal. Portant ces couleurs, les plus âgés d'entre nous ont pu s'y rendre pour encourager une équipe de Sochaux défiant les plus grands clubs d'Europe. A l'époque, personne n'avait passé autant d'années que nous dans l'élite du football français. Nous étions plutôt discrets, comme le veut notre tempérament, et, jusqu'à peu, l'équipe de notre Cité des Princes portait elle aussi ce titre. 
Malheureusement aujourd'hui, et même si tout n'était pas parfait à l'époque, nous sommes face à la pire des situations à laquelle puisse faire face un supporter : voir son club mourir à petit feu en apprenant chaque jour une nouvelle pire que celle de la veille. Cela malgré l’énergie dépensée à essayer de le sauver. Mais ce n'est pas parce que tu n'y vois pas du grand football ni de stars que nous ne passons plus de bons moments et que tu ne dois plus venir. Non, au contraire, n'hésite jamais à venir au stade et à montrer tes couleurs, que ce soit à l'école, dans la rue, dans tes loisirs ou encore chez toi. Pire, n'en aies jamais honte, elles représentent beaucoup plus qu'une simple équipe de football. 
Elles représentent un ensemble de nobles valeurs, un ensemble de souvenirs, et c'est en partie ce qui permet à notre ville de ne pas mourir. Le rêve n'existe plus à Sochaux. Par exemple, le passage par le centre de formation pouvait encore à l'époque nous permettre de croire à l'impossible – c'en est fini aujourd'hui. Mais au-delà de cela, ce club nous permet de créer du lien, de l'amitié véritable. Plutôt que de rester avec les gens du même endroit que toi, le stade permet de tous nous retrouver derrière une passion commune, tous mélangés et tous différents, en oubliant les galères de la semaine.
Comprends bien, jeune Sochalien ou jeune Sochalienne, que ce délire de stade dépasse le football. Les médias, certains responsables et les non-initiés au monde des tribunes nous prennent pour des fous. Certains portent plainte, d'autres font tout pour nous mettre des bâtons dans les roues. Ils décriront certaines scènes dont nous sommes les acteurs comme violentes. Mais la violence n'est pas là. Un supporter révolté ne fait de mal à personne, même s'il est impressionnant et fait beaucoup de bruit. La violence, ici, est silencieuse, diffuse, nous ne pouvons pas la voir à l’œil nu et pourtant elle frappe chacun d'entre nous au plus profond. Je te parle de la violence exercée par les individus qui ont mis la main sur notre bien et qui le détruisent à petit feu. 
Seuls leurs petits intérêts financiers comptent. Nos intérêts collectifs sont piétinés. Nous ne pouvons donc pas nous laisser faire, ne serait-ce que pour toi et les enfants qui suivront. Pour que vous puissiez voir du football comme nous en avons vu, que vous puissiez rêver à Bonal et que vous puissiez profiter de ce lien si fort créé par l'amour de ces couleurs.

  Donc, jeune Sochalien(ne), n'hésite jamais à faire front avec tous ceux que tu croiseras à Bonal car ce sont tes amis. Fais front pour tes couleurs, ce sont les tiennes, prend conscience que c'est une chance pour toi.


Akhy Potter


« Ils nous empêchent de rêver, empêchons les de dormir »
Youssoupha / Mouvement Indignados